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industriel ou militaire d’une société ne peut donc fournir un principe de division.

Quant à la division fondée sur la complication et la différenciation des sociétés, elle offre un principe plus exact et plus essentiel. Aussi se retrouve-t-elle, plus ou moins modifiée, dans les classifications de M. Durckheim et de M. Giddings.

M. Durckheim abandonne à bon droit la distinction en sociétés militaires et industrielles. Il admet la division d’après le degré de composition. Il distingue ainsi dans les sociétés deux formes de solidarité : la solidarité mécanique et la solidarité organique. La première résulte des similitudes, l’autre de la division du travail. Les sociétés du premier type sont des sociétés non différenciées, dont les éléments ressemblent aux cellules homogènes des organismes primitifs ; les secondes sont des sociétés différenciées, dans lesquelles les éléments spécialisés pour des fonctions différentes ressemblent plutôt à des organes hétérogènes. — M. Durckheim remarque de plus que la solidarité mécanique est en raison inverse, la solidarité organique en raison directe de la personnalité individuelle (Durkheim, Division du travail social, ch. iii).

La division de M. Giddings ressemble beaucoup à celle de M. Durckheim. — Elle distingue deux types de société : la composition et la constitution sociale qui répondent à peu près aux deux solidarités de M. Durckheim. Une différence toutefois est à noter : M. Giddings ne conçoit pas de la même façon que M. Durckheim les rapports des individus à l’intérieur du groupe dans les deux systèmes de société. Il croit que les individus sont plus dissemblables à l’intérieur des groupes qui font partie d’une société composée (solidarité mécanique) plus semblables à l’intérieur des groupes qui font partie d’une société constituée (solidarité organique). Les faits semblent donner raison à M. Durckheim contre M. Giddings. Car il est incon-