retour périodique et les phases fréquentes de cette vivante cristallisation, ceci comme préparation à une doctrine des types de la morale. Jusqu’à présent, on n’a pas été aussi modeste. Les philosophes exigeaient d’eux-mêmes quelque chose de plus haut, de plus prétentieux, de plus solennel, dès qu’ils s’occupaient de morale en tant que science : ils voulaient le fondement de la morale, et chaque philosophe a cru jusqu’à présent avoir fondé la morale. Combien se trouve loin de leur orgueil cette tâche de description, sans éclat en apparence, abandonnée dans la poussière et l’oubli, quoique pour cette tâche les mains et les sens les plus fins ne sauraient être assez subtils[1] ! »
Si la méthode descriptive est le point de départ nécessaire de la Sociologie, et si elle doit, même plus tard, revendiquer une grande part dans les progrès de cette science, cela ne veut pas dire que la Sociologie doive renoncer à découvrir des lois. Il peut y avoir des lois en sociologie et en psychologie sociale, — lois, il est vrai, qui doivent pouvoir se déduire des lois de la psychologie individuelle et qui présentent, au point de vue de leur certitude et de leur valeur, beaucoup d’analogie avec ces dernières.
On s’est demandé quelle notion il fallait se faire de la vraie nature des lois sociologiques. Deux conceptions ont été émises à ce sujet.
D’après les uns (E. de Laveleye) les lois sociales sont celles qu’édicte le législateur, et non des nécessités naturelles. « Celles-ci, a dit M. de Laveleye, échappent à la volonté de l’homme, les autres en émanent. »
D’après les autres (Comte, Spencer, de Greef), les lois sociales sont de la même nature que les lois physiques. Il y a pour les phénomènes sociaux des lois d’action et de réaction, d’opposition et de combinaison
- ↑ Nietzche, Par delà le Bien et le Mal ; Histoire naturelle de la Morale, § 186.