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CHAPITRE II

CE QUE LA SOCIOLOGIE N’EST PAS

Pour préciser la notion de la Sociologie, nous devons la distinguer de certaines sciences voisines avec lesquelles on court risque de la confondre.

D’abord, il faut la distinguer soigneusement de la Métaphysique sociale. — L’étude des sociétés donne naissance, comme les autres sciences, à certaines questions d’origine, de nature et de fin qu’on appelle métaphysiques. On sait qu’il est d’une bonne méthode d’établir sur tous les domaines une ligne de démarcation bien nette entre ce qui est observable et ce qui relève de l’hypothèse métaphysique.

Les questions métaphysiques qui se posent à propos des sociétés sont : 1o  la question de nature, 2o  la question de fin.

Au premier point de vue, on peut se représenter la société humaine soit comme un agrégat mécanique d’atomes, soit comme un système de cellules analogues à celles qui constituent les tissus et les organes d’un être vivant ; soit enfin comme un système de monades spirituelles, raisonnables et libres, à la fois harmoniques et autonomes. Ce sont les hypothèses du mécanisme social, du biologisme social et du spiritualisme ou dualisme social. Ces diverses écoles ont eu et ont encore aujourd’hui leurs représentants. Par exemple, MM.  Spencer, de Roberty, Worms, etc., développent l’organicisme social. Certains spiritualistes leibnitziens