matiques ; de là pourrions-nous dire, la noble complexité, presque semblable à celle de la nature, qui règne dans cette peinture spirituelle[1] ».
Ajoutons que, selon nous, le psychologue social ne s’interdira nullement les investigations sur la société contemporaine. Suivant l’expression de Nietzche, il faut savoir être « un bon voisin des choses voisines » et ne pas craindre de les regarder de près. Certains sociologues se défient de ces investigations sur la société actuelle ; c’est à tort, selon nous, car si la connaissance du passé est indispensable à celle du présent, cette dernière peut aussi aider à interpréter les idées et les mœurs du passé.
Si nous nous étendons si longuement sur la Psychologie sociale, c’est que nous la regardons comme le vrai noyau de la Sociologie. Les partisans d’une sociologie formelle font eux-mêmes, par la force des choses, une large part à la déduction psychologique[2] ; ils reconnaissent que c’est toujours d’une loi psychologique que se déduisent les lois sociologiques[3]. L’influence de facteurs tels que la masse, la densité, l’hétérogénéité, la mobilité de la population mérite d’être étudiée. Mais le complément nécessaire et le point d’aboutissement de cette étude est la psychologie sociale.
- ↑ Carlyle, Sartor Resartus (édition du Mercure de France, p. 69).
- ↑ Voir sur ce point Lapie, Les Civilisations tunisiennes, p. 283 (Paris, F. Alcan).
- ↑ M. Remy de Gourmont, après avoir analysé les effets sociaux du phénomène psychologique de la Dissociation des idées, dit fort justement : « On pourrait essayer une psychologie historique de l’humanité en recherchant à quel degré de dissociation se trouvèrent dans la suite des siècles un certain nombre de ces vérités que les gens bien pensants s’accordent à qualifier de primordiales. Cette recherche devrait être le but même de l’histoire. Puisque tout dans l’homme se ramène à l’intelligence, tout dans l’histoire doit se ramener à la psychologie » (La Culture des Idées, p. 88).