vant lui. Il n’est qu’un point dans une évolution éternelle, mais un point mouvant, actif, autonome dans une certaine mesure. « C’est dans l’individu, dit M. Paulhan, que commencent tous ces changements dont la puissance le dépasse tant et l’anéantit presque. C’est par lui, par son invention, qu’ils se transforment, c’est lui qui est le centre de cette action automatique ou volontaire par laquelle la société se protège ou se transforme. C’est lui qui a l’initiative des changements qui vont bouleverser le monde[1]… »
Nous ne nions pas pour cela l’action exercée sur l’individu par l’ambiance, mais il ne faut pas exagérer cette influence ni surtout la poser, comme l’ont fait certains (Spencer, par exemple), en précepte et en dogme. L’individu a le pouvoir et le droit de réagir contre l’ambiance. Celle-ci n’a d’autre valeur et d’autre rôle que de servir de point d’application et de stimulant aux énergies individuelles et de provoquer. — au besoin par réaction. — l’expansion de l’individualité. « En certains cas, dit M. Paulhan, l’individu a raison contre la foule, contre l’État, contre l’art de son temps, contre la science de ses contemporains ou contre la religion. Rembrandt avait raison contre ses contemporains qui le méconnaissaient, et Galilée avait raison contre ses juges. Mais en ce cas, l’individu ne tire pas seulement de lui-même son droit et sa force. Il représente des vérités, des beautés supérieures à celles qu’il combat. Il représente une société plus haute, plus grande que celle qui l’opprime, comme un désir noble éclos par hasard dans une âme de brute qui l’étouffé dédaigneusement. Et cette société il l’appelle, et dans une certaine mesure il la fait. »
Les points où se manifeste le conflit entre la conscience individuelle et la conscience sociale sont nom-
- ↑ Paulhan, Physiologie de l’Esprit, p. 176 (Paris, F. Alcan)