et des institutions qu’au fond nous trouvons des plus absurdes, et nous demeurons lâchement attachés à des convictions qu’en notre âme et conscience nous savons manquer de tout fondement… Cet éternel conflit entre les conventions sociales et nos convictions a un contre-coup fatal[1]. »
Disons un mot enfin des causes sociales de la désagrégation des sociétés.
L’une d’elles est mise en lumière par Simmel, quand il remarque que souvent un organe de la société tend à prendre une importance exagérée dans l’organisme dont il est un élément et s’érige en fin, alors qu’il n’est qu’un moyen. Telle est la bureaucratie, dans nos sociétés démocratiques qui n’ont rien à envier à cet égard aux sociétés monarchiques. Il est clair que cette hypertrophie de certains organes dans le corps social y détermine un malaise très propre à précipiter la décadence.
M. Matteuzzi signale une cause sociale importante de décadence des sociétés. C’est l’action des peuples vainqueurs sur les peuples vaincus. « Un peuple qui s’est développé selon l’influence de son milieu et de l’hérédité des caractères acquis, arrive nécessairement à se constituer une individualité propre. Mais il peut être grandement troublé dans son évolution par l’intervention d’un autre peuple organisé militairement, plus fort, même s’il est moins civilisé ; dans tous les cas, ces deux peuples qui se rencontrent ainsi, ayant évolué dans des milieux différents, possèdent des caractères héréditaires différents. Le vainqueur en imposant ses idées et ses mœurs au vaincu, le force à sortir de la ligne de son évolution naturelle et porte le trouble dans toute son organisation physique et intellectuelle[2]. »