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CHAPITRE VII

ÉVOLUTION DE LA CONSCIENCE SOCIALE

Ce qui précède nous permet dans une certaine mesure de prévoir le contenu de la conscience sociale de l’avenir.

La loi d’assimilation progressive et d’élargissement des cercles sociaux tend à faire prévaloir l’idée d’Humanité, c’est-à-dire d’un cercle plus vaste et plus compréhensif que tous les autres (nation, classe, caste, famille, etc.).

D’autre part, la loi de différenciation progressive tend à affirmer de plus en plus la valeur de l’individualité. Car c’est à l’Individualité, cette fleur de la culture esthétique et morale qu’aboutit l’Évolution sociale comme à son chef-d’œuvre et à sa seule raison d’être.

Il n’y a nullement contradiction entre ces deux idées. L’idée d’Humanité favorise l’épanouissement de l’idée d’Individualité, et inversement l’idée d’Individualité favorise l’expansion de l’idée d’Humanité. Ces deux idées se soutiennent et se développent parallèlement.

Plus un cercle social est étroit, plus il est tyrannique et oppressif de l’individualité. Plus le cercle social s’élargit, plus l’individu y sent se relâcher les entraves de la contrainte sociale. Nulle part l’esprit grégaire n’est plus continument tyrannique que dans un petit groupe[1]. Comparant au point de vue moral le conseil

  1. Voir sur ce sujet notre article : l’Esprit de Petite Ville (La Plume, 1er novembre 1900).