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seulement de s’accroître dans un cerveau individuel, mais encore de se répandre au dehors, d’envahir les cerveaux mis en contact avec le premier. Et cela indéfiniment, selon notre mesure humaine, à travers les générations et les époques successives. Le progrès scientifique rend possibles toutes les autres formes de progrès.

Voyons maintenant quelles sont les Espèces du Progrès.

M. Tarde les ramène à deux : le progrès par accumulation et le progrès par substitution. Il y a des découvertes ou des inventions qui ne sont que substituables, d’autres qui sont accumulables. Un problème posé suscite toutes sortes d’inventions, d’imaginations contradictoires, apparues ici ou là, disparues bientôt, jusqu’à la venue de quelque formule claire, de quelque machine commode qui fait oublier tout le reste et sert désormais de base fixe à la superposition des perfectionnements, des développements ultérieurs.

La lutte entre les inventions rivales qui cherchent à se substituer l’une à l’autre donne lieu à ce que M. Tarde appelle les combats logiques. Les soudures d’inventions dans le sens du progrès donnent naissance à ce que ce sociologue appelle unions logiques. D’après lui, ce sont ces combats logiques et ces unions logiques qui remplissent tout le champ de l’histoire.

M. Tarde distingue à un autre point de vue le progrès inventif et le progrès imitatif. Ce dernier progrès, dans une société, provient de l’intervention d’influences extérieures. Le premier provient d’une action interne ; il est l’expression des énergies propres d’une société.

Les causes du progrès sont multiples. On peut les ranger sous trois titres : 1o causes d’ordre mécanique ; 2o d’ordre physiologique ; 3o d’ordre psychologique et moral.

M. Spencer donne de la manière suivante la formule de la condition mécanique du progrès : toute évolution