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CHAPITRE VI

L’ADAPTATION SOCIALE ET LE PROGRÈS


Au nombre des lois permanentes de l’évolution sociale, à côté de l’Imitation et de l’Opposition, nous avons placé l’Adaptation.

Grâce à cette loi, des courants imitatifs interfèrent d’une façon harmonique ; ils convergent dans le cerveau d’un individu pour y déterminer une invention. C’est donc le cerveau, le génie individuel de l’inventeur qui est le siège véritable de toute adaptation sociale. L’individu, par son pouvoir propre de concentration des influences ambiantes devient le primum movens de toute une orientation nouvelle de l’évolution sociale. Toute découverte consiste en une rencontre mentale de connaissances déjà anciennes. En quoi consiste la thèse de Darwin ? à avoir proclamé la concurrence vitale ? Non ; mais à avoir pour la première fois combiné cette idée avec celles de variabilité et d’hérédité.

Les adaptations sociales, en s’accumulant ou en se substituant les unes aux autres, donnent naissance au progrès.

Nous allons dire quelques mots ici de cette notion de progrès.

Il est bien entendu que nous ne prenons pas ici ce mot dans un sens absolu et métaphysique, mais dans un sens relatif et tout humain. Il s’agit pour nous de ce que M. Bagehot appelle quelque part le progrès « vérifiable[1] ». Quelle idée nous ferons-nous, de ce progrès vérifiable ?

  1. Bagehot, Lois scientifiques du développement des Nations.