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a eu lieu dans le passé, se cristalliser dans tel dogme métaphysique, scientifique ou moral. Mais l’humanité, dans son ensemble, ne veut pas de dogmes et les brise les uns après les autres. « Quelle que soit la tendance de l’homme nouveau, dit M. Jaurès, à s’agrandir de toute la vie humaine et de toute la vie du monde, c’est l’individu qui restera toujours à lui-même sa règle. C’est par un acte libre qu’il se donnera aux autres hommes. Et il demandera toujours à l’univers comme aux autres hommes le respect de sa liberté intérieure[1]… »

Il n’y a donc point d’incompatibilité entre la science et l’Individualisme, à condition que la science ne veuille pas s’ériger en papauté nouvelle, en « pédantocratie », suivant une expression de Comte, à condition qu’elle n’oublie pas le caractère irrémédiablement relatif et symbolique de ses constructions, à condition qu’elle réserve toujours les droits de l’avenir, c’est-à-dire ceux de l’individu, à condition qu’elle ne se croie jamais le droit de se fixer dans quelque formule étroite et dogmatique, telle que l’adaptation au milieu de Spencer ou la symbiose de M. Izoulet, à condition enfin qu’elle respecte, elle aussi, l’individu.


  1. Jaurès, Socialisme et Liberté, Revue de Paris, 1er décembre 1898.