lois qui l’emportera ? Ce sont là peut-être les plus difficiles questions que puisse se poser le sociologue.
Nous nous contentons de poser ici ce problème, en indiquant quelques données pour sa solution. Il faut ici, croyons-nous, établir une distinction nécessaire. Il est un domaine où l’assimilation des pensées se fait et se fera vraisemblablement de plus en plus complètement. C’est le domaine scientifique. — Cette universalité dans l’adhésion des intelligences aux vérités scientifiques tient d’ailleurs à des causes psychologiques et logiques plutôt qu’à des causes sociales. Car la vraie raison de l’assimilation croissante des intelligences dans ce domaine n’est autre que le caractère relativement objectif, impersonnel, des vérités scientifiques.
Il est encore un domaine où la loi d’assimilation l’emportera vraisemblablement. C’est le domaine de l’économique et de la technique. La raison en est que ces deux branches de l’activité humaine sont étroitement liées à la culture scientifique et que l’assimilation croissante des esprits sur le terrain scientifique entraînera une assimilation analogue sur le domaine de l’économique et de la technique. Le costume même, comme faisant partie de l’économique, tendra peut-être et tend déjà à devenir uniforme.
Mais il est un autre grand domaine qui restera livré, suivant nous, à la loi de la différenciation sociale et où s’épanouiront en toute liberté la diversité et l’originalité individuelles. C’est le domaine esthétique et moral. Ce domaine restera celui de l’initiative et de l’inspiration individuelles. De plus en plus l’esthétique de l’avenir, la religion et la morale de l’avenir seront anomiques. Chacun se fera de plus en plus à ses risques et périls son idéal de beauté et de vérité morale ; chacun courra pour son propre compte le καλὸς κίνδυνος de la pensée métaphysique et esthétique. La conduite de l’Individu sera dominée non par des dogmatismes