Dans ce sens tout relatif, nous croyons que la Téléologie joue un rôle en Sociologie. Quand nous rejetons la considération de la finalité, nous voulons dire que, selon nous, il est impossible de fixer un but absolu, — bien ou perfection, — vers lequel tendrait l’humanité, et par suite d’indiquer un critérium pour apprécier les changements de direction de l’humanité et les orientations diverses par rapport à une telle fin absolue. Une pareille tentative conduirait à un dogmatisme social que nous regardons comme faux et dangereux en théorie aussi bien qu’en pratique. Lorsque nous parlerons du Progrès, nous, prendrons aussi ce mot dans un sens tout relatif.
Quand on aborde l’étude du développement des sociétés, une distinction est tout d’abord nécessaire : celle des lois d’évolution et des lois de causation. Ces deux sortes de lois correspondent au double point de vue de l’historien et de l’analyste (point de vue dynamique et point de vue statique). Ce qui frappe l’historien, c’est le changement qui se produit dans la vie des sociétés ; ce qui lui apparaît comme le plus pressé, c’est de découvrir la loi d’évolution de ces changements. Ce qui intéresse l’analyste, c’est ce qu’il y a d’immuable (éléments et lois) dans les phénomènes sociaux ; ce sont les facteurs qui agissent d’une manière toujours identique dans la vie des sociétés, à quelque moment, à quelque phase de son histoire qu’on la considère. La connaissance fournie par les lois d’évolution est une connaissance toute descriptive. Les lois de causation ont un caractère explicatif. Car les changements qui se produisent au cours de l’évolution, quelque divers qu’ils soient, ont lieu sous l’action des facteurs immuables que mettent en lumière les lois de causation. D’après certains sociologues, la Sociologie doit surtout s’attacher aux lois d’évolution. D’après d’autres, tels que M. Tarde, ce sont les lois de causation qui sont les plus intéressantes à connaître. Autre différence :