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CHAPITRE VIII


loi de dogmatisme et d’optimisme social

Nous avons vu que toute société constituée tend à imposer à ses membres un conformisme intellectuel et moral. Une conséquence de cette loi est l’existence dans toute société d’un dogmatisme social plus ou moins conscient. Nous entendons par là que toute société organisée, nation, cité, aristocratie, classe, caste, a besoin de croire à elle-même, à sa propre valeur morale et sociale. Suivant l’expression de Nietzche, cette croyance en soi est « l’épine dorsale » de la cité. Toute société éprouve le besoin instinctif d’ériger en dogme son autorité, sa discipline, ses lois et sa morale. À l’origine des sociétés, nous voyons toujours les institutions sociales se revêtir spontanément d’un caractère divin et sacré.

Le dogmatisme social peut être de trois sortes : religieux, métaphysique et moral.

Religieux, il regarde la société comme une Divinité, comme un être divin supérieur à l’individu, ou tout au moins il pose l’autorité sociale comme une émanation de la volonté divine. Qu’on se rappelle Bossuet. — Cette forme de pensée n’est pas d’ailleurs exclusivement propre aux politiques théologiens. Elle se rencontre chez beaucoup de sociologues indépendants en apparence de toute attache religieuse. Mais ces derniers, au lieu de regarder l’autorité sociale comme une émanation et un symbole de l’autorité