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les antinomies entre l’individu et la société

mêmes que l’individu reçoit du groupe. Satisfactions d’ailleurs toujours insuffisantes. Quels que soient les progrès réalisés par le groupe, l’écart resté toujours le même entre le besoin de jouissance des individus et les moyens de satisfaction qui leur sont offerts. Le progrès qu’on a désiré, on ne de sent plus dès qu’il est réalisé. Le désir évolue et se déplace des qu’il est assouvi. C’est là une loi profonde de notre nature, indépendante de toute forme et de toute combinaison sociale. Et c’est cette loi, exprimée par le Faust de Goethe[1], qui condamne par avance tous les Edens sociologiques, tous les Paradis humanitaires rêvés par les optimistes sociaux. Ici, le sentiment d’insatiabilité se retourne contre la sociabilité dont il procède en partie. Car il agit dans l’individu comme un principe d’inquiétude et de révolte ; il renferme en lui un ferment de critique : infinie contre toutes des formes sociales et tous les agencements sociaux.

Un autre caractère de la sensibilité humaine est la discordance de nos inclinations ; le manque de coordination interne de nos sentiments ; ce sont les désharmonies et des contradictions de notre sensibilité. Le cœur humain est en état de, guerre avec lui-même. En nous, l’égoïsme et l’altruisme, l’amour et

  1. Faust dit à Méphistophélès : « Si tu peux me séduire au point que je vienne à me plaire à moi-même, si tu peux m’endormir au sein ides jouissances, que ce soit pour moi le dernier jour ! Je t’offre le marché… Si je dis jamais au moment : Attarde-toi, tu es si beau ! Alors tu peux me charger de liens… »