Page:Palante - Les antinomies entre l’individu et la société, Alcan, 1913.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée
60
les antinomies entre l’individu et la société

que soient ces hérédités et ces acquisitions. Car si faibles, si débiles que nous soyons, nous serons plus faibles encore si nous ne croyons pas en nous-mêmes. L’acte de foi dans la bonté de la nature humaine répond à un acte d’énergie, à une affirmation de vitalité de la part d’une humanité qui veut vivre, qui se sent forte et à qui sa surabondance de force permet d’abandonner sans terreur ses vieux foyers et ses vieux abris, pour se lancer à la poursuite de l’inconnu.

Tel est le rôle de cet acte de foi dans l’évolution intellectuelle de l’humanité. C’est ce rôle que méconnaît le pyrrhonisme absolu de Stirner et que comprennent par contre les représentants de l’individualisme aristocratique, les grands novateurs dans l’ordre intellectuel, si hardie, si destructive qu’ait été par ailleurs leur pensée.

L’individualisme aristocratique présente de notables différences avec l’individualisme stirnérien.

L’individualisme stirnérien est une simple théorie de la différenciation humaine. Il est niveleur et abolit toute échelle des valeurs intellectuelles. C’est, comme nous l’avons dit, un individualisme à bon marché qui met l’originalité sous le nom d’unicité à la portée de tous les hommes sans exception et qui leur octroie généreusement, qu’ils le souhaitent ou non, ce minimum de génialité. L’individualisme aristocratique réclame une originalité plus haute,