Il se présente chez Stirner comme une théorie d’absolue insociabilité intellectuelle.
Le fondement de l’individualisme stirnérien est la différenciation humaine dans ce qu’elle a de plus élémentaire ; c’est l’unicité ; unicité tellement générale, qu’elle différencie deux esprits quelconques, même les plus vulgaires et les plus insignifiants. — Deux hommes ne voient pas un arbre ou une maison exactement de la même façon. À plus forte raison n’auront-ils pas la même façon de penser sur des sujets plus complexes. — On peut dire que cet individualisme est à la fois le plus modeste qui soit et le plus intransigeant. Il est le plus modeste en ce sens qu’il se contente d’un minimum de différenciation et d’originalité : d’une originalité à peu de frais et dont tout le monde peut se targuer.
Même le plus plat imbécile a son originalité, au sens très général d’unicité. Cet individualisme est égalitaire, démocratique, en ce sens qu’il appelle tous les hommes (avec des degrés pourtant) au bénéfice de l’originalité. Celle-ci n’est plus le privilège de quelques-uns : elle est le lot commun de tous les individus. — Cet individualisme est d’autre part le plus radical, le plus intransigeant, en ce sens qu’il croit trouver dans ce minimum d’originalité