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les antinomies entre l’individu et la société

de l’inférieur était censée parfaitement conforme à celle de son supérieur. Les directeurs spirituels en venaient à dire qu’on doit suivre, sans la comprendre, la direction spirituelle. Cela revient à dire qu’on ne peut être conforme qu’à la condition de ne pas penser du tout ; que l’on doit s’attacher à une formule.

Pour peu qu’on pense dans toute la force du terme, on diffère des autres. Pas un individu ne pense en religion, en philosophie, en politique, exactement comme un autre. L’orthodoxie se réduit à une soumission nominale, à la signature d’un formulaire, à un acte tout formel d’obédience.

Toutes les Églises, toutes les écoles, tous les partis ont eu leurs conciles, leurs congrès, pour fixer artificiellement l’orthodoxie. On trouverait maints exemples de ce fait dans l’histoire de l’Église catholique et dans le socialisme contemporain. L’unification socialiste, comme l’unification catholique, comme toute unification de pensée quelle qu’elle soit, n’est et ne peut être qu’un mot.

Au fond il est inutile de revendiquer en face de l’orthodoxie les droits de ce qu’on appelait autrefois la conscience errante ; car quand bien même on ne réclamerait pas en faveur de ces droits, la conscience errante saurait bien toute seule les faire valoir.