Page:Palante - Les antinomies entre l’individu et la société, Alcan, 1913.djvu/31

Cette page n’a pas encore été corrigée
26
les antinomies entre l’individu et la société

on s’en distingue. C’est un jeu de mots puéril et contradictoire sur le mot originalité.

Naturellement, M. Draghicesco, partisan de la loi du nombre, prend ses exemples dans la catégorie d’hommes qui réalisent le mieux son idéal du grand homme : les politiciens démocrates, et il arrive à cette énormité qui consiste à faire du vote populaire la mesure de la supériorité d’un homme et le signe d’élection du génie. « Quant à la source du pouvoir que le grand homme exerce sur ses admirateurs, elle est assez manifeste, puisqu’il est méthodiquement acquis dans les cas les plus simples. Le pouvoir que le député influent ou le ministre exercent sur leurs admirateurs, ils le détiennent au moyen d’un mécanisme bien connu de ces mêmes admirateurs. C’est, en effet, le vote des citoyens qui a investi le député et le ministre de leur puissance et par suite de leur prestige. Il n’y a pas jusqu’au degré du pouvoir qui ne provienne du même mécanisme ; car le nombre des votes réunis, directement ou indirectement ; mesure les limites du pouvoir dont disposeront les personnages respectifs et par suite l’étendue même de leur prestige, la profondeur de leur génie[1]. » Ainsi non seulement le nombre est la source du génie ; mais il en est la mesure. Renan n’a pas de meilleur juge qu’un cantonnier de village.

  1. Draghicesco. Op. cit., p. 279.