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l’antinomie dans la vie intellectuelle

par la société, c’est-à-dire, en définitive, qu’il est d’autant plus lui-même qu’il est plus les autres. « Comme cette indétermination des individus, remarque M. Draghicesco, découle du développement du processus social, il s’ensuit que plus est avancé le processus de l’intégration sociale, plus aussi l’individu prend place au centre du déterminisme, social ; plus il s’identifie avec la société ; plus il acquiert une sorte de toute-puissance sur elle[1]. »

La théorie de M. Draghicesco sur le rôle de l’individu, se résume dans ce singulier raisonnement : l’individu est quelque chose, puisque sans lui le déterminisme social ne se réalise pas ; et d’autre part il n’est rien, puisqu’il n’accomplit une œuvre quelconque qu’à la condition de s’identifier avec la pensée sociale. — Nous répondrons que s’il y a des individus dont l’intelligence n’est en effet qu’un reflet de la mentalité sociale, il y en a aussi d’autres chez qui la formation physiologique est assez ferme pour que l’originalité de pensée qui en résulte résiste à la pression sociale et à la loi qui veut que le nombre prime la qualité. — La seule originalité que M. Draghicesco reconnaisse à l’individu, c’est l’originalité de l’unification et de l’obéissance. Ceci revient à dire : plus on ressemble aux autres, plus

  1. Draghicesco. Loc. cit., p. 75.