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les antinomies entre l’individu et la société

lerons individualisme uniciste. C’est l’individualisme de la différenciation pure et simple, de l’unicité. Cet individualisme n’est plus sociologique, mais physiologique.

Il ne considère plus l’individuation comme un produit social, comme un résultat d’un certain degré de différenciation et de complication sociales ; mais bien plutôt comme une idiosyncrasie native, inscrite dans la constitution, dans la physiologie même de l’individu. Cet individualisme n’est plus rationaliste, mais irrationaliste. Il nie toute certitude rationnelle, tout dogmatisme sociologique et moral au nom duquel la volonté sociale s’arrogerait le droit d’imposer son autorité aux individus. Comme nous ne saurions jamais suivre à l’infini le retentissement de nos actes et comprendre leur rapport avec l’ensemble des choses, comment pourrons-nous jamais avoir une certitude sur la valeur morale de ce que nous faisons ? Aucun système rationaliste n’a donc autorité pour régenter la conduite de l’individu. Chacun doit être libre de conduire sa barque, à ses risques et périls et de chercher son bien à sa façon.

L’Unicisme est un individualisme de la force et non plus du droit. L’Unique aspire naturellement à déployer sa force, à épanouir, sans souci des conséquences sociales, ses tendances quelles qu’elles soient. Aussi bien, l’idée de contrat, base du droit, gêne-t-elle l’individu dans sa spontanéité et son ins-