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conclusions

paraît un simple jeu de mots. Car cet individualisme revient à dire qu’un homme est d’autant plus individualisé qu’il est plus semblable aux autres ; d’autant plus différencié qu’il est plus conforme et plus confondu dans la masse, d’autant plus original qu’il est plus banal.

Nous écarterons de même ce que certains philosophes appellent l’individualisme du droit[1]. On entend par là l’individualisme qui proclame l’identité essentielle des individualités humaines comme êtres, raisonnables et par suite leur égalité au point de vue du droit. Cette doctrine n’a d’individualiste que le nom. En effet elle insiste exclusivement sur ce qu’il y a de commun chez les individualités humaines ; elle néglige de parti pris ce qu’il y a en elles de divers, de singulier et d’unique ; bien plus elle voit dans ce dernier élément une source de désordre et de mal. Elle proclame la nécessité d’une discipline sociale rationnelle. Ce rationalisme sociologique et moral est plutôt une forme de l’humanisme ou du socialisme (au sens large du mot) qu’un véritable individualisme. Tout rationalisme sociologique et moral est une expression de la volonté sociale d’un groupe ; une affirmation de la domination de la société sur l’individu.

Il y a maintenant l’individualisme que nous appel-

  1. V. Bouglé. Individualisme et sociologie, Revue bleue, 4 novembre 1905.