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les antinomies entre l’individu et la société

lui faire une large part. D’après lui, en effet, l’individu est l’agent nécessaire du progrès social, l’incarnation vivante et active du déterminisme social. « L’exemple des hommes politiques, dit-il, prouve jusqu’à l’évidence que l’individu pèse pour quelque chose dans la détermination sociale et qu’il n’est pas l’instrument aveugle, l’esclave de la société qui le dépasserait toujours de beaucoup. Objecte-t-on que le pouvoir de ces individus sur la société est au fond presque illusoire, parce que leur situation spéciale fait qu’ils se confondent en quelque sorte avec la société elle-même, parce que c’est la société et non pas leurs propres pouvoirs qui donne à leurs projets toute l’efficacité indispensable ; nous devons reconnaître la justesse de cette remarque, mais constater aussi que l’individu a bien la possibilité de se confondre avec la société, au point que sa volonté et la nécessité sociale ne fassent qu’un. Ce fait indéniable prouve bien non seulement qu’il n’y a aucune antinomie profonde entre l’individu et la société, mais que leur séparation ne peut être conçue[1]. » — Qui ne voit que cette solution de l’antinomie est un pur trompe-l’œil et qu’elle aboutit simplement à nier l’individu et à l’absorber dans le déterminisme social ? Cela revient à dire que l’individu n’a pas le pouvoir de penser par lui-même ; qu’il ne pense que

  1. Draghicesco. L’Individu dans le déterminisme social, p. 17.