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les antinomies entre l’individu et la société

L’individualisme originel résiste chez eux âprement et reste sinon invaincu, du moins indompté.

De telles âmes ne se laisseront pas persuader aisément de la supériorité intellectuelle et morale de là société ; elles continueront à voir dans cette dernière une machinerie plus ou moins habile destinée à mater et à duper les individus et le sentiment qu’elles éprouveront vis-à-vis d’elle sera surtout la défiance.

Selon nous l’antinomie reste insoluble, ne comportant ni la solution globale et utopique des Guyau et des Spencer, ni la solution plus modeste de M. Durkheim obtenue par la vertu des contraintes sociales, des religions et de la morale sociologique. C’est que nous sommes des êtres partiellement socialisés sans doute, mais trop individualisés malgré tout pour nous absorber sans résistance dans la société. En nous l’âme individuelle subsiste à côté de l’âme sociale. La pression sociale, si écrasante ou si habile et astucieuse qu’elle soit ne triomphera pas vraisemblablement de ce qu’il y a d’incompressible malgré tout dans l’individu, à savoir l’individualité elle-même.

Notre théorie des antinomies justifie l’individualisme comme attitude de l’individu en face de la sociétés. Mais comment entendre cet individualisme ?

Nous écartons d’abord bien entendu l’individualisme sociologique de M. Draghicesco qui nous