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les antinomies entre l’individu et la société

fait jamais, l’âme individuelle s’oppose à l’âme sociale. L’individu regimbe contre le groupe, se cabre contre la solidarité ; il a le sentiment qu’il peut traiter avec le groupe d’égal à égal et que le groupe n’est rien de moralement supérieur à lui ; il lui rend à l’occasion mépris pour mépris, sarcasme pour sarcasme. L’irrespect à l’égard des décisions des groupes est un sentiment qui tend à prédominer chez des âmes très cultivées et très délicates. Il est certain que si l’individualisme antisocial né gagné pas en étendue (car l’esprit grégaire est toujours très puissant dans les masses médiocres et moyennes), il gagne du moins en profondeur, en intensité et en lucidité.

3o D’après M. Durkheim, s’il n’y a pas à proprement parler solution de continuité entre l’individu et là société, du moins, selon ce philosophe, le « social » est d’un autre ordre que le psychologique. Il obéit à des lois propres et irréductibles à celles de la psychologie individuelle[1]. La société est une entité distincte des individus ; extérieure à eux et qui leur impose des modes d’action et de pensée qu’ils n’auraient pas sans elle.

La vie collective n’est pas un simple prolongement de là Vie individuelle ; elle est quelque chose de nouveau ; une puissance sui generis qui se forme

  1. Règles de la méthode sociologique, p. 128.