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conclusions

plus tard selon une évolution continue et définie. D’après Comte, l’humanité tend à réaliser de plus en plus ses virtualités altruistes. Selon Spencer l’humanité a débuté par l’égoïsme ; mais elle portait en elle le germe de l’altruisme. L’égoïsme primitif s’est transformé et se transforme de plus en plus en altruisme. L’individu peut de moins en moins s’isoler d’autrui, s’opposer au groupe, se refuser à la solidarité. Il en a aussi de moins en moins la tentation. Les antinomies qui se manifestent encore entre l’individu et la société tiennent à une adaptation incomplète et inachevée ; elles seront aplanies complètement un jour par la vertu de l’évolution fatale et bienfaisante.

Cette théorie, fort différente de celle de Guyau, et même, à certains égards, opposée à celle de Guyau ne nous paraît pas plus exacte. Il n’est pas nécessaire d’insister longuement sur ce qu’a de contestable l’optimisme fataliste de Comte et de Spencer. Un fait très important à opposer à ces deux philosophes, c’est que l’égoïsme et l’individualisme ne semblent pas perdre du terrain dans l’humanité, bien au contraire. L’égoïsme revêt des formes plus subtiles, plus compliquées, plus délicates et plus profondes. Il se fait de plus en plus conscient, voulu, il devient égotisme, c’est-à-dire égoïsme théorétisé, volonté de différence et d’isolement, dilettantisme amoral et antisocial. Aujourd’hui, plus qu’elle ne l’a