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les antinomies entre l’individu et la société


C’est la solution de Guyau et en général des sociologues qui admettent l’existence d’une sorte d’altruisme et de socialisme primitif (ce dernier mot pris au sens le plus large). — Dans les sociétés primitives l’individu aurait très peu existé ou même pas du tout.

L’individu n’était pas individualisé ; il était absolument absorbé dans la solidarité inconsciente de la tribu. — Il nous parait difficile d’admettre à aucun moment une socialisation aussi complète de l’individu. Chez le sauvage même le moins individué, les mouvements de la peur, de la colère, de l’instinct sexuel, de la jalousie, procédaient bien sans doute d’un désir égoïste, si peu conscient de lui-même qu’ait été cet égoïsme. Les trangressions à la coutume sociale, pour rares qu’elles fussent, ne devaient pas être absolument inconnues. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, nous sommes des êtres en partie seulement socialisés. Nous sentons très bien les deux âmes rivales : l’âme individuelle et l’âme sociale, s’opposer en nous. Et leur antagonisme ne semble pas près de finir.

2o D’après A. Comte et Spencer, il n’y a pas de solution de continuité entre l’individu et la société. Au début, il est vrai, la nature humaine n’était pas aussi altruiste, ni aussi socialisée qu’elle l’est aujourd’hui. Mais elle était virtuellement sociable et altruiste. Et ces virtualités devaient se développer