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l’antinomie dans la vie intellectuelle

dité. Il les reconnaît sans doute pour le passé, mais il les nie pour l’avenir. Conclusion arbitraire ; car il suffit d’admettre que les races furent autrefois un élément de différenciation mesurable pour être obligé d’accorder qu’aujourd’hui elles restent encore un élément de différenciation, difficile à déterminer, il est vrai, et à mesurer dans le détail. Beaucoup de différences dues à l’hérédité ont leur origine dans des différences de races. C’en est assez pour qu’on soit fondé à voir dans la race combinée avec l’hérédité un principe important de différenciation mentale[1].

Bien qu’il ait négligé de parti pris toutes les raisons de différenciation ethnique et physiologique susceptibles d’agir comme causes de différenciation intellectuelle, M. Draghicesco prétend ne supprimer nullement le rôle de l’individu, mais au contraire

  1. De Gobineau, partisan de l’inégalité des races, admet en principe que des individualités fortes ne peuvent naître que d’une race pure, en particulier de la race blanche supérieure, la race nordique ou scandinave dont il décrit la psychologie dans son Ottar Jarl. Aujourd’hui que les races sont mélangées, les individualités fortes sont rares. Toutefois de Gobineau admet que les soubresauts de l’atavisme, les combinaisons inattendues de l’hérédité peuvent faire surgir, même dans notre société de métis, certains individus porteurs d’une hérédité privilégiée, ceux que Gobineau appelle des « Fils de roi » (voir le roman des Pléiades).

    Un théoricien contemporain de l’individualisme dit à propos de Gobineau : « Aujourd’hui que les races sont mélangées, l’inégalité ethnique s’est individualisée et la philosophie de l’individualisme aristocratique, subissant la même évolution, a pris la défense, non plus de groupements ethniques, mais des individualités fortes menacées par les passions envieuses des faibles ». (Albert Schatz. L’Individualisme économique et social, p. 540.)