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les antinomies entre l’individu et la société

qui dicte à l’individu son évaluation personnelle.

C’est ce qui fait que les solutions morales ne sont pas moins aléatoires dans la morale scientifique que dans les autres morales. Solidarité ou liberté, égalité ou inégalité, résignation ou révolte, moralisme ou immoralisme ; ou, pour passer à des problèmes plus spéciaux, mariage indissoluble ou divorce facilité, condamnation ou légitimation du suicide, ce sont là autant de problèmes à solutions ambiguës que tranche au fond le jugement de l’individu et pour tout dire, en fin de compte, le tempérament de l’individu.

Cela est si vrai que les partisans mêmes de la morale scientifique ne s’accordent pas entre eux sur maintes questions. M. Durkheim par exemple est contre le divorce facilité ; M. A. Bayet est pour le divorce par consentement d’un seul. M. Durkheim réprouve le suicide comme un attentat contre la société et contre l’humanité : M. A. Bayet l’admet comme un droit évident de l’individu.

Il y a dans les faits moraux une trop grande part de contingence pour qu’on puisse éliminer de la morale le facteur personnel. C’est l’évaluation individuelle qui décide en dernier ressort du bien et du mal.

En somme la morale sociocratique que ses partisans opposent aux anciennes métamorales est elle-même une métamorale. Elle suppose comme les