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les antinomies entre l’individu et la société

existe-t-elle jamais à l’état pur ? Ne s’individualise-t-elle pas en chacun de nous ? Ne pose-t-elle pas à chacun des problèmes particuliers ? Ne suggère-t-elle pas à chacun une vision particulière du monde ? Avec les idées sociales discordantes chaque esprit ne se compose-t-il pas une unité mentale originale qui diffère de celle du voisin ? — Le microcosme psychologique ne peut s’expliquer par le macrocosme social infiniment grossier et surtout inharmonique et incohérent. L’intelligence est seule capable de concevoir l’unité ; seule elle est capable de l’introduire dans le monde social. Ce besoin d’unité propre à l’intelligence s’explique bien plutôt par cet appareil nerveux perfectionné et centralisé qu’est le cerveau humain que par les actions des harmoniques des différents milieux sociaux qui enchevêtrent leurs influences autour de l’individu. — Dira-t-on que l’école physiologique n’invoque que des correspondances psychobiologiques et que des correspondances ne sont pas des explications ? Mais le procédé qui consiste à invoquer des correspondances est légitime et scientifique sauf quand on en use d’une manière aussi arbitraire que M. Draghicesco. Ce sociologue n’invoque-t-il pas à l’appui de sa thèse les correspondances les plus fantaisistes ? On peut citer comme exemple la transposition sociologique des catégories de Kant devenant chez M. Draghicesco l’expression mentale des quatre principales formes d’association :