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les antinomies entre l’individu et la société

Après avoir considéré les principes généraux de l’idéologie politique, disons un mot des formes politiques (État, Gouvernement, corps de l’État) dans lesquelles s’incarne la prétendue volonté générale.

L’antinomie de l’individu et de l’État est une de celles sur lesquelles on a le plus souvent insisté[1]. M. Bouglé n’admet pas cette antinomie. Loin de voir dans l’État un destructeur de libertés, il voit en lui un libérateur de l’individu. D’après lui l’État contrebalancerait heureusement certaines influences oppressives pour les individus[2] (influences locales, régionales, professionnelles, domestiques, cléricales, etc.), et pourrait ainsi devenir une sauvegarde pour les individus menacés ou opprimés par ces influences. Que faut-il penser de cette manière de voir ? Elle peut être exacte dans une certaine mesure, du moins dans une époque de transition comme celle que nous traversons, alors que l’État peut s’opposer efficacement à certaines tyrannies sans être encore devenu lui-même absolument omnipotent et unilatéralement tyrannique. Il est exact que l’individu peut trouver aujourd’hui dans l’État un recours contre les excès du pouvoir familial ou du pouvoir patronal ou contre l’ingérence du pouvoir religieux.

Mais on peut se demander par contre où l’indi-

  1. Cf. Spencer. L’Individu contre l’État (F. Alcan).
  2. Cf. Bouglé. Les conséquences morales de l’entrecroisement des groupes (Revue bleue du 29 décembre 1906).