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l’antinomie politique

pu, dans son Discours sur la liberté à l’antique et la liberté à la moderne, établir une véritable antinomie entre ces deux libertés. — Qu’est-ce, en effet, que la liberté politique ? C’est le fait de participer à la confection des lois et, ces lois une fois faites, de leur obéir. — Qu’est-ce que la liberté individuelle ? C’est l’indépendance de l’individu dans sa vie privée ; c’est la libre disposition de sa personne et de ses biens ; c’est la liberté des relations, des faits et gestes de chaque jour : c’est le pouvoir de vivre et d’agir à sa guise sans être en butte à une inquisition perpétuelle, à une police minutieuse et tyrannique de la part de l’autorité publique.

Dans la cité antique la liberté politique du citoyen est à son maximum : car dans la cité antique réduite en nombre, chaque citoyen, participant directement à la confection de la loi, est souverain. En revanche, la liberté individuelle y est très faible ; gênée qu’elle est par l’incessant contrôle de la cité sur la vie privée du citoyen. Le citoyen antique consent à ce sacrifice parce que pour lui la liberté politique prime tout. Mais il n’en va plus de même pour l’individu moderne épris avant tout de liberté individuelle. « L’indépendance individuelle, dit encore Benjamin Constant, est le premier des besoins modernes. »

« En conséquence, il ne faut jamais en demander le sacrifice pour établir la liberté politique... » « il s’ensuit encore qu’aucune des institutions nom-