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l’antinomie dans la vie intellectuelle

autres[1] », il reste en présence ces deux autres milieux : le milieu physique et le milieu social. Le cerveau concentre et synthétise les actions de ces deux milieux différents et irréductibles. C’est donc qu’il n’est pas le produit exclusif du milieu social. Il faut donc lui attribuer une certaine spontanéité propre en vertu de laquelle il combine les impressions de nature hétérogène[2] qui lui viennent de ces deux milieux, les coordonne, les unifie et les systématise.

Il est peu vraisemblable que la supériorité intellectuelle de l’homme tienne uniquement aux conditions sociales dans lesquelles a évolué l’espèce humaine. Il y a des espèces animales qui ont une vie et une organisation sociales très perfectionnées, avec une division du travail très avancée, par exemple les abeilles et les fourmis. Nous ne voyons pas que ces espèces manifestent une intelligence supérieure à celle d’autres espèces animales où l’individu vit solitaire ou réduit au groupement familial ou à un groupement social très faiblement organisé. Au contraire, ces êtres, si merveilleux par leur instinct, n’ont aucune intelligence individuelle, ne sont

  1. Draghicesco. Op. cit., p. 140.
  2. M. Draghicesco note cette différence : Les choses qui nous sont hostiles dans le monde physique, immobile, ne sont jamais que des obstacles ; on tourne l’obstacle. — Ce qui est hostile dans le monde social vous fait la chasse, vous poursuit, vous attaque, l’opposition devient une lutte.