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l’antinomie dans la vie intellectuelle

identiques, indiscernables et interchangeables.

Telles sont les conclusions de M. Draghicesco. Toutes les notions qui supposent un déterminisme antésocial ou extrasocial, la physiologie, l’hérédité, la race, s’évanouissent, absorbées dans ce facteur unique : la socialité.

La théorie de M. Draghicesco est, intéressante en ce qu’elle représente le sociologisme poussé à l’extrême, le monisme social absolu. Elle est intéressante encore par la tendance qu’elle révèle. Le but de l’attitude de M. Draghicesco est visible. Ce philosophe est un partisan décidé de l’éducationnisme. Éducation, hérédité, ces deux termes lui apparaissent comme antinomiques ; il veut supprimer le second au profit du premier. Son scepticisme à l’endroit de l’hérédité correspond à un acte de foi fanatique dans la vertu de l’éducation.

Il y a une part de vérité dans cette théorie. Mais il y a aussi une grande part d’exagération. La part de vérité d’abord. Il faut reconnaître que l’individu isolé n’existe pas et que les influences sociales interviennent incessamment dans la formation et l’évolution des consciences individuelles.

D’un autre côté, il y a dans la thèse de M. Draghicesco une part d’exagération qui consiste à faire de la conscience individuelle un simple reflet des influences sociales et à éliminer de l’être humain tout ce qui n’est pas la socialité.