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l’antinomie économique

plus unitaire encore que celle des anciennes corporations. Ceux qui ont vu de près les organisations syndicalistes ont remarqué le peu de liberté qui y est laissée à l’individu, la surveillance et la défiance collectives qui y règnent, la perpétuelle menace d’ostracisme, d’excommunication, d’exclusion ou même de violence directe contre les dissidents.


Considérons maintenant l’antinomie dans l’ordre de la répartition. Nous retrouvons ici la désharmonie entre les intérêts particuliers et l’intérêt général que nous avons déjà signalée à propos de la production. — La richesse, une fois produite, chacun de ceux qui ont collaboré à sa production, capitaliste ou travailleur, cherche à se tailler dans la richesse produite la part la plus large possible, fût-ce au détriment de la masse. Un économiste, M. Otto Effertz[1] remarque que l’intérêt de la collectivité est la productivité maxima. L’intérêt des individus est la rentabilité maxima, c’est-à-dire la part la plus grande possible que les individus essaient de se tailler dans le revenu social. M. Effertz énumère en détail les lésions que la rentabilité inflige à la productivité, les unes déterminées par la rentabilité des fabricants (destructions rentables ou dardanariat, polls, trusts, cartels, qui limitent artificielle-

  1. Otto Effertz. Les antagonismes économiques, Giard et Brière, 1905.