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l’antinomie économique

duelle et du travail qui représente l’effort collectif.

Si l’organisation sociale de la production n’autorise que dans une faible mesure l’originalité individuelle, elle ne laisse pas d’imposer à l’individu des gênes et des contraintes qui tendent à le diminuer physiquement, intellectuellement et moralement. La principale de ces contraintes est la division du travail dont on a souvent signalé la répercussion funeste sur le physique et surtout le moral du travailleur. La division du travail est une exigence de la production dont l’effet est de parquer un peu au hasard les hommes dans des ateliers comme dans des box. Un individu qui peut avoir certaines aptitudes ou certains goûts est obligé d’en développer d’autres moins grands chez lui ; d’abandonner la meilleure partie de soi-même. Il éprouve de ce fait un sentiment de vie diminuée, qui le conduit plus d’une fois à des sentiments de mécontentement social et de révolte individualiste.

Certains sociologues insistent bien sur les bienfaits de la division du travail. M. Draghicesco attribue à l’usine, comme à l’école et après elle, un rôle éducatif. Elle opère un dressage systématique de l’individu ; elle le subordonne à une tâche d’ensemble. D’après M. Durkheim, la division du travail est une enseigneuse de solidarité. Elle apprend à l’individu son insuffisance et sa dépendance. Il y a ici une sorte de collusion des influences pédago-