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les antinomies entre l’individu et la société

nelle avec la masse ; effet nécessaire de l’industrie antisociétaire ou monde à rebours. On verra disparaître ce ridicule dans le régime sociétaire où chaque individu ne peut trouver son avantage que dans celui de la masse entière[1]. »

Il est important de faire remarquer ici que la contrariété signalée par Fourier constitue moins une antinomie de l’individu et de la société qu’une antinomie de la société avec elle-même. Car Fourier n’oppose pas ici à la masse les individus en tant que tels, mais bien certaines catégories de producteurs ; les cordonniers par exemple ou les médecins, ou les magistrats dont l’intérêt, en tant que corporation, est différent de l’intérêt de la masse.

Mais voici, dans l’ordre de la production, une question qui met aux prises l’individu en tant que tel et le groupe. C’est celle du travail isolé en tant qu’il s’oppose au travail en coopération. La question ici est de savoir si l’individu peut produire isolément autant que quand il est associé. La réponse n’est pas douteuse. L’individu isolé ne peut produire autant qu’associé[2]. En se solidarisant, les animaux, les sauvages, les civilisés accomplissent des œuvres qu’ils ne seraient pas arrivés à produire s’ils étaient restés isolés. L’antinomie se résout ici au profit du groupement ou plutôt il n’y a pas véritablement d’an-

  1. Fourier. Le nouveau monde industriel et sociétaire, p. 34.
  2. Voir l’Entraide de Kropotkine.