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l’antinomie pédagogique

2o L’éducation intellectualiste ou éducation par l’instruction ou éducation par la notion inculquée ;

3o L’éducation mécanique ou éducation par le dressage des réflexes (G. Lebon, Dr Toulouze).

Tout a été dit contre l’éducation mnémonique et rien de ce qui a été dit contre elle n’est trop sévère. Que cette éducation soit antiindividualiste au premier chef, c’est ce qui est l’évidence même. Par définition elle est traditionaliste. En effet la tradition est la mémoire de l’humanité. Or l’éducation mnémonique vise à faire de la mémoire de l’individu un raccourci de la mémoire de l’humanité ; elle tend à river l’individu au passé, à faire de lui un esprit historique, un esprit de passivité et de règle. Ce qui est particulièrement curieux et symptomatique du point de vue qui nous occupe, c’est que cette éducation, si décriée qu’elle soit, conserve ses meilleurs partisans parmi les sociologues dogmatiques tels que M. Draghicesco[1].

  1. Ce philosophe définit de la manière suivante le rôle de l’école : « On va à l’école pour chaque jour assimiler une quantité donnée d’idées dont la liaison même, dite logique, est déterminée rigoureusement d’une certaine manière. Vous ne pouvez rien changer d’essentiel : les détails tout au plus restent à votre disposition. Si vous ne retenez pas l’ordre précis de l’enchaînement déterminé des idées, une série de conséquences désagréables vous attendent. Au contraire, des satisfactions bien vives vous attendent si vous avez été attentifs et si, dans une leçon d’histoire, vous avez retenu l’ordre logique ou chronologique exact des idées… L’école vous traitera selon que votre esprit sera plus ou moins fidèle, à l’examen de fin d’année, aux concours, au baccalauréat, etc. Les idées qu’on vous demande d’assimiler peuvent