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les antinomies entre l’individu et la société

M. Draghicesco adopte une attitude analogue. Il rejette l’épiphénoménisme physiologique de Maudsley et de M. Ribot et s’il ne va pas jusqu’au spiritualisme, il accepte du moins une sorte de transposition du spiritualisme kantien, en attribuant à la socialité l’avènement des formes supérieures de l’intellectualité humaine pour lesquelles Kant réclamait un substratum spirituel. La socialité est pour lui le principe de spiritualisation par excellence ; c’est elle qui fait sortir notre pensée des limbes de la matière.

Selon M. Draghicesco, en effet, le cerveau, organe de luxe par rapport au milieu physique, apparaît comme un organe de première nécessité par rapport au milieu social[1]. De là à dire qu’il a été suscité, et créé par ce milieu lui-même et par la nécessité de s’y adapter, il n’y a qu’un pas. La cérébralité, chez les animaux supérieurs et chez l’homme, est un produit du milieu social. Le milieu et le besoin de s’y adapter ont transformé et comme créé l’organe. « La conscience, conclut M. Draghicesco, est un phénomène social et on peut lui donner comme base la réalité expérimentale de la société ; on peut la concevoir comme un phénomène social incarné, qui

    tive ; Revue de métaphysique, 1898, p. 281. (Cité par M. Draghicesco ; Le rôle de l’Individu dans le déterminisme social, p. 166. (Paris, F. Alcan.)

  1. Draghicesco. L’Individu dans le déterminisme social, p. 165.