Page:Palante - Les antinomies entre l’individu et la société, Alcan, 1913.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée
97
l’antinomie dans l’activité volontaire

résoud à l’analyse en un certain nombre de volontés particulières, celles des groupes dont on fait partie et qui ne laissent pas d’être tyranniques chacune pour son propre compte.

C’est pourquoi les individualistes se refusent à voir dans le sentiment de le liberté personnelle un produit et un bienfait social. Les racines du sentiment de puissance individuelle sont en grande partie physiologiques, c’est-à-dire présociales. C’est la physiologie qui prédestine les uns au commandement, les autres à l’obéissance ; qui place dans certains hommes un sentiment de domination et dans certains autres un sentiment de dépendance. C’est elle qui différencie ce sentiment de puissance en l’appliquant chez les différents individus à des objets différents. Rien de plus varié au fond que ce sentiment de le liberté intérieure que les psychologues classiques se représentaient comme identique chez tous les hommes. « Chacun, dit Nietzsche, se tient pour libre là où son sentiment de vivre est le plus fort ; partant, tantôt dans la passion, tantôt dans le devoir, tantôt dans le recherche scientifique, tantôt dans le fantaisie. Ce par quoi l’individu est fort, se dans quoi il se sent animé de vie, il croit involontairement aussi que cela doit être aussi toujours l’élément de sa liberté ; il met ensemble la dépendance et le torpeur ; l’indépendance et le sentiment de vivre comme des couples inséparables ;