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les antinomies entre l’individu et la société

La volonté, d’après le Dr Toulouse, est essentiellement un frein destiné à rendre finalement automatiques nos réactions utiles. D’après lui, le rôle normal du frein volontaire est de réprimer les manifestations égoïstes et indiscrètes de la personnalité, de façonner rigoureusement l’individu à la norme sociale, de faire de lui un impeccable automate social. — C’est, là un point de vue d’éducateur ou de moraliste.

Le point de vue psychologique est différent. Psychologiquement parlant, le frein volontaire est par lui-même indifférent à l’altruisme ou à l’égoïsme, à la discipline sociale ou à l’insoumission individuelle. Il peut être mis au service de sentiments sociaux ; mais il peut aussi bien être mis au service de sentiments antisociaux et d’un parti pris antisocial.

Supposons un homme naturellement porté à l’altruisme, à la confiance, à la générosité envers autrui. Supposons maintenant que l’expérience de la vie ait amené cet homme à reconnaître (à tort ou à raison), la duperie de l’altruisme, les hypocrisies de la sociabilité, le mensonge des liens sociaux et des conventions sociales. Et supposons en conséquence que chez cet homme finalement désabusé sur le compte de là sociabilité, une conversion du vouloir se soit opérée, non dans le sens du renoncement à la personnalité, comme le veut Scho-