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MORT DE VAUVENARGUES.

pourquoi des joueurs très habiles se ruinent au jeu, pendant que d’autres hommes y font leur fortune ? ou pourquoi l’on voit des années qui n’ont ni printemps ni automne, où les fruits de l’année sèchent dans leur fleur ? Toutefois, qu’on ne pense pas que Clazomène eût voulu changer sa misère pour la prospérité des hommes faibles : la fortune peut se jouer de la sagesse des gens courageux ; mais il ne lui appartient pas de faire fléchir leur courage. »

Ainsi, son dernier mot était un défi jeté à la fortune. Jamais victime ne protesta plus fièrement contre les injustices de la destinée, jamais créature humaine vaincue par la réalité n’affirma avec plus de hardiesse sa supériorité idéale.

Le 28 mai 1747, Vauvenargues cessa de souffrir : il n’avait pas trente-deux ans révolus[1].

  1. La famille de Vauvenargues s’est éteinte au commencement de ce siècle, et le nom n’est plus porté. Luc de Vauvenargues avait deux frères puînés, qui ne laissèrent pas d’enfants : Antoine de Clapiers, capitaine au régiment de Flandre, tué en Corse pendant l’expédition de 1741, et Nicolas-Francois-Xavier de Clapiers, premier consul d’Aix et syndic de la noblesse de Provence, mort en 1801. Ce dernier vendit en 1791 à Mme Isoard, née Pin, la terre de Vauvenargues. L’abolition des droits féodaux et la suppression des titres étant consommées à cette époque, cette vente ne pouvait transférer aux acquéreurs le droit de s’intituler seigneurs de Vauvenargues. Vers 1840 ils crurent pourtant pouvoir prendre cette qualité dans leurs actes. Un procès leur fut intenté, en 1865, par le marquis de Clapiers- Collongues, descendant adoptif de Nicolas-François-Xavier de Clapiers. L’arrêt du Conseil d’État qui régla le différend