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VAUVENARGUES.

mage : « Je suis fâché que le parti des armes, que vous avez pris, vous éloigne d’une ville où je serais à portée de m’éclairer de vos lumières » (15 avril 1743).

L’auteur de Zaïre et des Lettres philosophiques joignait à sa réponse un exemplaire de tous ses ouvrages.

La dispute sur la préférence de Racine à Corneille n’offre plus grand intérêt à nos yeux, et ces sortes de jugements, dans ce qu’ils ont d’absolu, nous semblent aujourd’hui peu sérieux en matière d’art et de littérature. Cinquante années après Vauvenargues, Schiller, Schlegel, et toute l’école allemande avec eux, pourront rouvrir le débat et se prononcer aussi en faveur de Racine, sans que la question ait fait un pas. Mais cet échange de vues était un heureux début pour le jeune penseur, encore sans nom, auprès de l’illustre écrivain qui possédait la faveur publique. Quand leurs relations, interrompues un instant par la campagne d’été de 1743, se renouèrent, la sympathie intellectuelle de Voltaire pour Vauvenargues était devenue de l’amitié.

Cette amitié fut marquée dans le cœur de Voltaire d’un caractère qu’aucun de ses attachements ne porta jamais ; il éprouvait en présence de Vauvenargues un sentiment que personne au monde ne sut lui inspirer et qui semblait même étranger à