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VAUVENARGUES ÉCRIVAIN.

avec une faible santé, je me mets aux pieds de Votre Majesté, et la supplie très humblement de me faire passer du service des armées, où j’ai le malheur d’être inutile, à celui des affaires étrangères, où mon application peut me rendre plus propre. Je n’oserais dire à Votre Majesté ce qui m’inspire la hardiesse de lui demander cette grâce ; mais peut-être est-il difficile qu’une confiance si extraordinaire se trouve dans un homme tel que moi, sans quelque mérite qui la justifie.

« Il n’est pas besoin de rappeler à Votre Majesté quels hommes ont été employés, dans tous les temps, et dans les affaires les plus difficiles, avec le plus de bonheur. Votre Majesté sait que ce sont ceux-là mêmes qu’il semblait que la fortune en eût le plus éloignés. Et qui doit, en effet, servir Votre Majesté avec plus de zèle qu’un gentilhomme qui, n’étant pas né à la cour, n’a rien à espérer que de son maître et de ses services ? Je crois sentir, Sire, en moi-même, que je suis appelé à cet honneur, par quelque chose de plus invincible et de plus noble que l’ambition. »

Cette lettre et celle qu’il envoyait par le même courrier à Amelot, ministre des affaires étrangères, pour solliciter un emploi dans son département, étant restées sans réponse, Vauvenargues revint bientôt à la charge avec une certaine vivacité. « Je suis sensiblement touché, écrivait-il de