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VIE MILITAIRE.

Les ardents désirs, les « espoirs enchanteurs », les brillants projets qui remplissaient l’âme de Rousseau adolescent, lorsqu’il pénétra pour la première fois en Italie, fermentaient dans le cœur de Vauvenargues, et la pensée de « suivre Annibal à travers les monts » le ravissait aussi comme « une gloire au-dessus de son âge ».

Les opérations militaires furent menées par Villars avec une vigueur que la vieillesse n’avait pu éteindre. Le Régiment du Roi se signala aux sanglantes victoires de Parme et de Guastalla (1734) et se couvrit d’honneur, l’année suivante, au passage du Mincio. En mai 1736, les hostilités ayant pris fin, il rentra en France et fut dirigé sur les places de Bourgogne et de Franche-Comté. Après l’activité et l’attrait dune campagne victorieuse, Vauvenargues allait connaître la monotonie de la vie de garnison.

C’était alors, plus qu’en aucun temps, une existence bien fastidieuse que celle des garnisons de province. Par une pratique constamment suivie sous l’ancienne monarchie, les régiments, aussitôt la paix signée, étaient ramenés à de très faibles effectifs, et les états-majors se dispersaient. Les officiers de quelque fortune retournaient à Versailles ou dans leurs terres, pour ne reprendre du service actif qu’à la prochaine guerre ; ceux qui restaient au corps, n’ayant même plus sous leurs ordres assez