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VAUVENARGUES.

pour éclairer et animer, en quelque sorte, les pensées morales : « Les feux de l’aurore, a-t-il dit, ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire… Les longues prospérités s’écoulent quelquefois en un moment, comme les chaleurs de l’été sont emportées jiar un jour d’orage… Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil d’hiver. »

Vauvenargues a ainsi et en abondance de ces traits d’une imagination jeune, sobre et charmante, « tels, disait Sainte-Beuve, qu’on se les figure chez Xénophon et chez Périclès ».

Par toutes ces qualités, Vauvenargues continue dignement la belle tradition de la prose française, et il n’y a point de doute que, s’il avait eu le temps d’exercer et d’affiner son talent, il ne fût devenu un des plus exquis parmi les maîtres de la langue.

Vauvenargues, qui doit à la date de sa naissance d’avoir pu recueillir directement les plus fortes traditions du xviie siècle, doit à la même circonstance l’honneur périlleux d’être à l’avant-garde du xviiie.

Au moment où il entre dans la vie intellectuelle, c’est-à-dire aux environs de 1742, la grande bataille du siècle n’est pas engagée.

Il y a eu déjà quelques glorieuses escarmouches. Les Lettres philosophiques de Voltaire (1734) peuvent compter comme une brillante journée à l’avan-