Page:Paine - Théorie et pratique des droits de l homme (1793).djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(95)

partie de la cour. Par conséquent le pouvoir que l’on nomme aujourd’hui exécutif est celui qu’on appelloit alors judiciaire. Il suit de là que l’une ou l’autre de ces dénominations est un pléonasme, & que l’on peut se passer de tribunaux ou de rois. Lorsque nous parlons du roi, ce mot ne présente point d’idée. Il ne signifie ni un juge, ni un général. En outre, ce n’est pas lui qui gouverne, ce sont les loix ; on conserve les noms anciens pour donner un air d’importance à des formes sans réalité ; & le seul effet qu’ils produisent, c’est l’augmentation des impôts.

Avant de passer aux moyens de diriger les gouvernemens vers la félicité générale de l’espèce humaine, plus qu’on n’a fait jusqu’ici, il ne sera pas hors de propos de jetter les yeux sur la progression des taxes en angleterre.

On est généralement persuadé que les taxes une fois établies ne sont jamais supprimées. Cela peut être vrai, pour ces derniers temps, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Il faut donc croire, ou que nos ancêtres surveilloient le gouvernement de plus près que nous, ou que le gouvernement se conduisoit avec moins d’extravagance.

Sept cents ans se sont écoulés depuis l’invasion des normands, & de l’établissement de ce qu’on appelle la couronne. Divisons cette période par siècles, & voyons ce qu’on percevoit de taxes annuelles dans chacun d’eux.

Somme annuelle des taxes imposées par guillaume le conquérant, à commencer en l’année 1066 ........ 400,000 l. sterl.

Somme annuelle des taxes, cent ans après la conquête, (1166 ).........................200,000.

Somme annuelle des taxes, deux cens ans après la conquête, (1266)..........................150,000