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dans l’entière acception de ce mot. Il n’est pas citoyen anglais, comme on est citoyen français, ou citoyen des états-unis.

Ses droits sont restreints à la ville, & en de certains cas, à la paroisse où il a reçu le jour ; &, quoique dans son pays natal, il est comme étranger par-tout ailleurs. Il faut pour qu’il y acquière le privilège de domicilié, qu’il s’y fasse naturaliser, à prix d’argent, sans quoi on lui défend d’y résider, ou il en est chassé. On maintient cette espèce de féodalité pour agrandir les corporations aux dépens des villes, & chacun peut se convaincre de l’effet de cette mesure.

En général les villes à corporations sont dans un état de délabrement & de solitude, & si quelque chose suspend leur ruine entière, c’est uniquement quelque avantage attaché à leur situation, tel qu’une rivière navigable ou des environs fertiles. La population étant une des principales sources de la richesse (car sans population la terre même n’a point de valeur), tout ce qui contribue à l’empêcher, doit faire baisser la valeur des propriétés ; & comme non-seulement les corporations tendent à ce but, mais qu’elles produisent directement cet effet, elles ne sont pas nécessairement dangereuses. S’il étoit question d’employer une mesure autre que celle d’accorder à chacun la liberté de s’établir où il veut, comme en france ou en amérique, il seroit plus conséquent d’encourager les nouveaux venus, que d’empêcher leur admission en la mettant à prix[1].

  1. Il est difficile d’assigner l’origine des villes à privilèges & à corporations, à moins de supposer qu’elles ont dû leur naissance à quelque service de garnison, ou du moins qu’elles y ont eu rapport. Les époques où elles ont commencé à exister, justifient cette conjecture : La plupart d’entr’elles ont été des villes de garnison ; & dans l’absence des garnisons militaires,