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dommageable ; la base principale sur laquelle repose le commerce, est l’équilibre des profits entre toutes les nations.

Que deux marchands de différens pays commercent ensemble ; ils s’enrichiront en peu de temps, & chacun d’eux se persuade que la balance est en sa faveur. Par conséquent ils ne s’enrichissent point au détriment l’un de l’autre ; or, il en est de même des nations au milieu desquelles ils habitent. Le fait est que chaque nation doit s’enrichir par ses propres ressources, & qu’elle augmente ses richesses au moyen de ses échanges avec d’autres nations.

Si un négociant anglais envoie chez l’étranger un article de nos manufactures, qui lui coûte un schelling sur les lieux, & qu’il importe en retour un article qui se vend deux schellings, il en conclut que la balance est d’un schelling en sa faveur ; mais il ne gagne pas ce schelling sur l’étranger, l’étranger gagne tout comme lui sur l’article qu’il reçoit, sans bénéficier davantage sur lui. Originairement les deux articles ne valoient que deux schellings dans le pays de leur fabrication ; mais en se déplaçant, ils acquiérent une valeur idéale, double de leur valeur primitive, & ce surcroît de valeur se partage également.

Il n’y a pas plus de balance sur le commerce étranger, que sur le commerce intérieur. Les négocians de londres & de new-castle trafiquent ensemble selon les mêmes principes, que s’ils étoient de nations différentes. Cependant londres ne s’enrichit pas aux dépens de new-castle, non plus que new-castle aux dépens de londres ; mais les charbons de terre, la principale exportation de new-castle, ont dans la capitale une valeur additionnelle, & les marchandises de londres en ont une pareille à new-castle.