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pas de prétexte à beaucoup de contributions. Il exclut la possibilité d’en beaucoup imposer ; il agit sous la surveillance de tout le pays ; & il est à l’abri de toute influence intérieure.

Mais quand il s’agit des luttes insociales des gouvernemens, la carrière des prétextes s’aggrandit, & la nation, perdant les moyens de juger, est exposée à tous les artifices, qu’il plaît au gouvernement d’employer.

La trentième, que dis-je ! tout au plus la quarantième partie des taxes perçues en angleterre, est occasionnée par les besoins du gouvernement civil, ou consacrée à cet usage. Il est aisé de voir que la seule affaire de l’administration est de faire des loix, & que le peuple se charge de tenir la main à leur exécution, à ses propres dépens, au moyen des magistrats, des jurés, des sections & des assises, en sus des contributions qu’il paie.

Sous ce point de vue, nous avons deux espèces de gouvernement, le gouvernement civil, ou le gouvernement des loix qui opère au dedans ; & le gouvernement de la cour ou du cabinet, qui opère au-dehors, à la manière des hordes de sauvages ; le premier sujet à peu de frais, l’autre accompagné d’une extravagance sans bornes. Et ils sont tellement distingués l’un de l’autre, que si, par une supposition quelconque, le dernier venoit à disparoître tout-à-coup, sans laisser de traces, le premier n’éprouveroit pas le moindre dérangement. Il continueroit ses opérations, attendu que la nation entière y seroit intérressée, & qu’elle en fait mouvoir tous les ressorts.

L’objet des révolutions est donc un changement dans l’état moral du gouvernement, changement d’où résulte la diminution des impôts, & qui permet aux hommes civilisés de jouir de cette abondance, dont ils étoient privés auparavant.