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première friponnerie qui couvre toutes les autres. En donnant des parts au gâteau, elle se fait des amis ; si elle cessoit de le partager, elle cesseroit bien vîte d’être l’idôle des courtisans.

Comme le principe sur lequel on fonde les constitutions modernes, exclut, absolument, toutes les prétentions héréditaires au gouvernement, il rejette aussi tout catalogue d’usurpation connu sous le nom de prérogatives.

S’il étoit quelque gouvernement où des prérogatives pussent être, avec sûreté, confiées à un individu, se seroit sans doute dans le gouvernement fédéral de l’Amérique. Le président des États-Unis de l’Amérique n’est élu que pour quatre ans. Il est non-seulement responsable, dans le sens général de ce mot, mais encore la constitution donne le moyen particulier de le juger. Il ne peut être choisi moins âgé de trente-cinq ans ; & il faut qu’il soit natif du pays.

Quand on compare ces choses, avec le gouvernement de l’Angleterre, la différence est si énorme, que celui-ci ne paroît plus qu’une absurdité. En Angleterre la personne qui jouit des prérogatives, est souvent un étranger, elle l’est toujours à demi, & toujours mariée à une étrangère. Elle n’est jamais liée au pays par tous les liens naturels & politiques ; elle n’est jamais responsable ; & elle peut prendre les rênes de l’empire à dix-huit ans. Cependant cette même personne peut faire des alliances étrangères, sans la connoissance de la nation & faire la paix ou la guerre sans son consentement. Et ce n’est pas tout, quoique cette personne ne puisse pas disposer du gouvernement, à la manière d’un testateur, elle le fait en grande partie, par les liaisons que les mariages qu’il décide, établissent. Elle ne peut pas directement donner la moitié du gouvernement à la Prusse, mais elle